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Parancs János
1985

Ervin Patkai

 

Dans le tumultueux étranglement

des racines entremêlées,

tâtonnant et flairant,

dans les criques humides de l’ombre,

dans l’abri des murs ondulants, veloutés,

dans le ventre de la baleine avec sa seule épée,

faisant la roue à plaisir,

à la dérive, sans patrie, sur l’eau paresseuse.

 

Culbutant hors de la corbeille des rêves

à travers les lames Gilette des flammes sifflantes,

comme, portés par le vent

pagaies, nageoires, ailes,

rouleaux flamboyants et tourbillonnants,

comme les bateaux de papier flottants,

les nervures palpitant dans les murs,

comme les racines souples et tenaces

œuvrant à effriter la roche.

 

Boussole en main, hardiment,

par delà les défaillances de la logique,

sur les rivages nus, abandonnés,

entre les ossements récurés par le vent,

aux portes cadenassées des points cardinaux,

dans le taillis des idoles, des billots de pierre,

des forêts de béton, goûtant le repos en vainqueur,

perdant le sens de faim et de soif,

comme les navigateurs téméraires de l’ancien temps

sans trêve derrière la vision magnétique fugitive

au large, en plein ciel sans trêve.

 

 

Poème de János Parancs, 1972

Traduit par Nicole Bagarry et André Karátson