Ervin Patkai
Dans le tumultueux étranglement
des racines entremêlées,
tâtonnant et flairant,
dans les criques humides de l’ombre,
dans l’abri des murs ondulants, veloutés,
dans le ventre de la baleine avec sa seule épée,
faisant la roue à plaisir,
à la dérive, sans patrie, sur l’eau paresseuse.
Culbutant hors de la corbeille des rêves
à travers les lames Gilette des flammes sifflantes,
comme, portés par le vent
pagaies, nageoires, ailes,
rouleaux flamboyants et tourbillonnants,
comme les bateaux de papier flottants,
les nervures palpitant dans les murs,
comme les racines souples et tenaces
œuvrant à effriter la roche.
Boussole en main, hardiment,
par delà les défaillances de la logique,
sur les rivages nus, abandonnés,
entre les ossements récurés par le vent,
aux portes cadenassées des points cardinaux,
dans le taillis des idoles, des billots de pierre,
des forêts de béton, goûtant le repos en vainqueur,
perdant le sens de faim et de soif,
comme les navigateurs téméraires de l’ancien temps
sans trêve derrière la vision magnétique fugitive
au large, en plein ciel sans trêve.
Poème de János Parancs, 1972
Traduit par Nicole Bagarry et André Karátson
|